A croire que je ne peux me passer de toi.
Pôle, tu as du avoir les oreilles qui ont sifflé ces jours-ci. Une fois n’est pas coutume, ce n’était pas à cause des airs entonnés par ton collègue du bureau d’à coté, tout heureux d’être là sans trop savoir ce qu’il y fait ni ce qu’il a à y faire. La gêne auditive que tu as pu ressentir, j’en étais la cause, moi qui parle de toi avec une tendresse assez personnelle sans que l’on ait besoin de me donner trop d’élan. Parfois je t’envie. Cette facilité que tu as à ne pas t’attacher, à ne pas t’impliquer, à tout oublier ou encore à faire comme si de rien n’était, cette attitude que certains pourraient qualifier de distante et nécessaire, mieux vaut que tu ne saches pas comment moi je l’appelle. Alors non, ces jours-ci je n’ai pas besoin de toi, ni de ce feu vert dont tu peines à trouver le bouton, ni de tes signatures et pas plus de tes conseillères et conseillers au demeurant sympathiques sans doute mais dont l’efficacité n’a été démontré que dans un nombre limité de cas. Un seul, pour être précis. Et c’est bien parce que je n’ai pas besoin de toi dans l’immédiat que j’ai eu le temps de repenser à tout ça, à nous deux. Enfin à nous huit ou neuf, si je compte tous le membres de ton équipe qu’il m’a été offert de rencontrer. Je croise tout un tas de gens avec qui je parle de l’aventure de ma reconversion professionnelle. Tu seras ravi d’apprendre que très vite la conversation s’oriente sur toi et que, quelque soit mon interlocuteur, il a un souvenir de toi, impérissable évidemment. Tu as laissé un petit quelque chose dans l’existence de chacun d’entre nous et cela personne ne pourra jamais te le reprocher. Sauf peut-être, chacun d’entre nous.
Mardi prochain, dans quatre jours, ce n’est pas chez toi que je me rendrai. J’irai au centre de formation de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat pour peut-être officialiser d’une certaine façon notre séparation, tout au moins lancer la procédure. Je sais que tu vas t’accrocher et que tu seras toujours là tout au long de ma formation mais je ne cèderai pas. A quoi bon t’accrocher d’ailleurs, tu n’as jamais su ne serait-ce que mon prénom et nous sommes tellement nombreux à t’attendre que tu as du nous donner des numéros pour tenter, et je dis bien tenter, de ne pas t’y perdre.
Pôle ?