J’ai toujours eu la chance de voir apparaître une lueur même dans les passages les plus troublés. La chance fait souvent référence au hasard alors je ne sais pas s’il s’agit réellement du bon terme.
Ma chance, c’est d’avoir de bons vieux amis. De ceux que l’on voit peu parce que les chemins s’éloignent sans jamais se perdre, les mêmes qui savent que le moment est venu de raviver la flamme. La voilà ma lueur. J’ai reçu un texto de Jonathan, l’un des plus vieux parmi les bons vieux amis. Il est au courant de la liquidation judiciaire, de la proche fin d’aventure, il sait d’où cela part et voit comment cela se termine. Alors il me montre qu’il est là, que Yohann et Aurélien sont là aussi. « On se voit peu mais on se voit bien » chantait un de nos artistes préférés. Ces jours-ci, il m’arrive de me demander ce que ces trois-là pensent de moi, ou plus exactement de ce que je fais de moi, ici. Je suis resté là où je suis né quand eux choisissaient d’autres horizons pour s’épanouir. Leurs parcours respectifs m’échappaient alors, les réussites comme les échecs, j’en venais à espérer suffisamment fort que chacun soit heureux pour établir une forme de compensation. Et je me disais que de leur côté ils en faisaient peut-être autant ce qui, à mon égard, est une aventure palpitante tant les cycles que je donne à ma vie sont riches en rebondissements.
Vu de l’extérieur, mon parcours pourrait ressembler à un vulgaire brouillon griffonné à main levé, un jour ici, un jour là et demain de retour ici. Ou là. La réalité est évidemment toute autre. Je dis « évidemment », je ne devrais pas, il n’y a rien d’évident sur le chemin, qu’il soit droit ou sinueux. Mais ce chemin justement, je le dessine. Mieux, je le décide. Chaque expérience me fait grandir, m’enrichit (pas au sens où l’entend mon banquier mais bon, comme il ne fait pas partie de mes bons vieux amis cela ne me tracasse pas trop) et me rend meilleur. Pas meilleur que toi, pas meilleur que lui, simplement meilleur. J’ai appris à travailler avec ma tête, avec mes mains, avec ma tête et mes mains, j’ai appris à travailler seul, avec les autres, j’ai appris d’eux, je leur ai appris. Je pratique l’humilité mais pas la modestie. Cela signifie que je suis impliqué et volontaire sans avoir besoin de préciser à qui veut l’entendre que je suis compétent et qu’en même temps, si je suis compétent, je sais le dire. Par honnêteté, ne serait-ce qu’envers moi-même, je sais dire avec la même facilité quand je ne sais pas, quand je ne sais pas faire voire même quand je suis particulièrement mauvais. Mais ce dernier cas n’arrive jamais, en toute modestie.