Pôle back II

Et cela n’a pas manqué. Parfois la meilleure des volontés ne peut tenir tête à une réalité économique saupoudrée de crise sanitaire. Nous avons vécu de beaux moments, d’autres plus compliqués, nous restions fiers de cette charmante petite boutique que nous étions parvenus à ouvrir mais il fallait se rendre à l’évidence. La marche était désormais trop haute. Dehors, cette nouvelle vie du chacun chez soi nous empêchait de nous relancer et d’y croire encore. Nous étions installés en ville depuis moins d’un an lorsqu’il a fallu tirer le rideau sur ordre de l’Etat. Nous acceptions sans contester d’être un établissement dit « non-essentiel ». C’était la vérité, nous n’étions pas essentiels à la vie de nos clients, notre travail quant à lui l’était pour nous. Alors nous avons été aidés financièrement, à la hauteur de notre activité passée, et cela nous a permis de survivre. Nous ne pouvons qu’en être reconnaissant. Cependant cela n’éradique pas les incertitudes, tout se vit au jour le jour et l’avenir devient un bien grand mot. S’agit-il de la peur ou de la conviction de s’enfoncer dans une impasse ? Les deux sans aucun doute. Nous avons cru en nous, des gens ont cru en nous alors même qu’ils n’avaient rien à y gagner si ce n’est la satisfaction de nous aider. Décevoir certains d’entre eux est un déchirement supplémentaire mais à cette étape il est indispensable de se recentrer pour prendre la meilleure décision. On ferme. Rideau.

Alors me voilà, je reviens. Je dirais plutôt que je repasse, comme on repasse par la case départ mais avec l’expérience de terrain du tour précédent. Pôle, je repasse et je ne compte pas rester, comme tout cela n’était pas prévu je ne voudrais pas déranger. « Je reste à l’écoute de toutes les opportunités » me dis-je comme si quelqu’un m’attendait. Je pratique parfois l’auto-persuasion mais je sais bien qu’au fond à part toi, Pôle, personne ne m’attend. Oui, toi tu m’attends. Plus exactement tu attends que je note précisément sur ma petite fiche l’intitulé précis du métier que je recherche. Tu m’en as fais toi même la demande, hier par téléphone, et avoir si vite de tes nouvelles m’a fait penser que tu n’étais pas rancunier. Je vais alors faire honneur à mon matricule tout en rêvant à des lendemains de donnant-donnant. Peut-être que la prochaine fois, c’est moi qui te demanderais quelque chose.

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