C’est comme un vertige. Pourtant sous mes pieds, je n’ai pas laissé la place au vide, je me suis même efforcé de remplir et remplir encore. Depuis l’an de grâce 2014, mes aventures folles avec « Pôle » (pour les connaisseurs) ont rendu ma vie professionnelle palpitante, au sens presque médical du terme. Un coeur qui s’emballe, qui aime, qui choisit, qui n’aime plus, qui tranche, qui dit oui, qui dit non, en somme, qui bat. Je me plais à croire que c’est moi qui lui donne la mesure, je comprends aujourd’hui que depuis tout ce temps ce n’est pas tout à fait le cas.
Il y a un an, Delphine et moi devions fermer le rideau de M. & Mme Dièse, l’établissement que nous ouvrions trois cent cinquante jours plus tôt, quatre ans après la création de ma pâtisserie, #Gourmandièse. Fermeture administrative, covid-19, confinement et une place dans les livres d’Histoire. Ma philosophie habituelle me donnait à voir une situation sanitaire effrayante et me proposait de considérer que, professionnellement, il ne s’agissait que d’argent. Analyse expéditive, inconsciente, utopique, sage, il y aurait autant de qualificatifs que de lecteurs.
Et nous voilà aujourd’hui, 15 mars 2021. A mes yeux, tout ce qui vient d’être vécu ne l’a pas été en vain, pas plus que par hasard. J’ai cette tendance à placer l’expérience au-dessus du résultat tout en me réjouissant d’atteindre mes objectifs. Cela me permet de vivre les choses pleinement, du début à la fin, si tant est qu’il y ait une fin lorsqu’on opte pour cette approche. Depuis plusieurs jours, peut-être quelques semaines, quelque chose a changé. Quelque chose a commencé à changer. Je manque de précision à cet instant et c’est un état qui me déplait car il sous-entend que je perds le contrôle. Quel contrôle exactement ? Voilà une question qui fait entièrement partie du problème. Quel problème exactement ? Et ainsi de suite… Adepte du plan B et du coup d’avance – on comprend mieux alors l’idée du « contrôle » – la fermeture administrative de notre établissement précipite le quotidien dans un sens puis dans l’autre. Et inversement. Il est impossible de décrire ce qui se joue en moi durant cette période centrifugée, je n’ai pas eu les mots pendant, je ne les ai encore pas maintenant. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer les yeux. J’arpente un chemin professionnel que j’ai choisi et dont le sujet me passionne. La pâtisserie, le goût en général, la recherche de la qualité, du « bon manger », l’alimentation, les artisans, le partage, la transmission. Voilà pour moi de vrais sujets politiques au sens noble du terme. D’ailleurs, cette forme de politique, locale, de conviction, engagée, de terrain, est entrée dans ma vie en 2020 par le biais d’un rôle de conseiller municipal. Ce n’est pas un détail. Cette nouvelle expérience, je le ressens sincèrement, fait appel à ce qu’il y a de meilleur en moi. L’action, le fameux monde meilleur, les gens, les relations, les combats, les idées et puis, n’en déplaisent à l’eau tiède, les résultats ! Alors oui, quelque chose a commencé à changer. Pas grâce à cet engagement qui ressemble plus à un nouveau moyen d’expression mais peut-être bien grâce à quelques drôles de dames capables à leur manière de graisser les rouages. Comme vous n’êtes pas prêts à en savoir plus sur « leur manière », je me contenterai d’un affectueux clin d’oeil à Sophie, Amandine et Christine. J’embrasse au passage Delphine par simple plaisir. J’ai pris conscience et la phrase pourrait s’arrêter là. Plus précisément, je prends conscience, la subtilité de la conjugaison est capitale. Est-ce que ce que je fais me permet d’aller là où je souhaite aller ? Est-ce que la façon dont je le fais me le permet davantage ? Je vous prie d’accepter mes excuses si soudain vous appliquez cette réflexion à vous-mêmes. Je suis capable de beaucoup de choses, je sais pour lesquelles je suis doué et compétent tout comme je connais mes lacunes, mes défauts et… mon incompétence ! Savoir qui on est fait parfois de nous quelqu’un de prétentieux, je n’ai jamais compris par quelle logique, sans doute parce que cela révèle une certaine assurance. Cependant savoir qui on est ne signifie pas savoir où on est. L’expérience avant le résultat.
Ce quelque chose commençant à changer me fait dire que nous ne rouvrirons pas notre établissement. Cela ne m’empêchera pas d’ouvrir d’autres portes.
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Toujours un régal de vous lire. Vous avez ce talent en plus de la pâtisserie, de l’écriture – sans doute le savez vous – sans pretention 😉 et en plus, moi qui « aie » un métier en rapport avec la typographie je vous félicite de cette maîtrise – aussi – des règles en vigueur a son égard.
Peut-être a nouveau allez vous vous associer avec Mme Dièse afin de jouer ensemble avec les livres et les mots ? En tous les cas vous êtes un vrai exemple de positivité et les portes que vous pousserez s’ouvriront, sans hasard et sans grande contrainte, devant votre détermination. Mon mari et moi vivons aussi depuis 1 an une situation inédite dans nos vies et très compliquée à appréhender malgré nos (ex) statuts de salariés cadres. Comme vous, nous allons de l’avant et essayons de trouver le chemin le plus efficace pour rejoindre a nouveau une situation d’épanouissement professionnel. C’est avec plaisir que je reprendrai la lecture de ce blog !