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À la nôtre.

« Les plus courtes sont les meilleures » est un adage qui ne s’applique pas aux années. Le temps est d’une précision qui vire à l’obsession. Il faut alors trouver d’autres critères que la durée pour déterminer si l’année qui vient de s’écouler a été bonne. Une « bonne année », justement, c’est ce que l’on finit par se souhaiter, le soir des traditionnelles célébrations durant lesquelles on rêve de tout laisser derrière. Du vin et des voeux, pour les plus téméraires. Bien évidemment, il y a toujours celui, plus malin que son monde, qui veut aller au-delà des voeux tel un génie libéré de sa lampe. Je dois bien avouer qu’au casting du plus malin auto-proclamé, je décroche souvent le rôle.

Ainsi, cette année, je rêve que l’on ne se souhaite rien. Plutôt que de laisser les gens qui nous entourent sous cette montagne de voeux dont ils ne sauront que faire, j’imagine qu’à la place on s’intéresse pour de bon à ce qu’ils souhaitent. Une fois que l’on sait, on aide. On contribue, on participe. On le fait quand on peut, quand on veut même d’ailleurs, et on pourrait même se dire que ce serait réciproque. Pour les gens qu’on aime, pour les amis, la famille, pour un voisin, pour un inconnu dont on sent qu’il a besoin, pour le collègue du bureau d’à côté, pour des personnes qui finalement nous ressemblent tellement. La solidarité tend à devenir de la poésie d’un autre temps, un fantasme inutile, une fable dont la moralité nous crève les yeux. Par chance, on ne voit bien qu’avec le coeur.

J’en conviens, ces quelques lignes ressemblent fortement au discours d’une Miss France un soir de sacre. C’est là toute la complexité de refaire de l’essentiel une priorité. Alors prenez le temps. Pour vous, pour les autres. Ralentir ne signifie pas s’arrêter, et quand bien même vous vous arrêteriez quelques instants, quel serait le pire scénario qui en découlerait ? Prenons le temps. Prenons-le à son propre jeu en en tirant le meilleur. A ce rythme, nous verrons beaucoup mieux ce qui se passe autour de nous, ceux qui passent autour de nous, ceux qui sont là, ceux qui restent.

Prenez soin de vous.

Delphine

Delphine est Mme Dièse. Elle est avant tout Delphine, mais également mon épouse, ma bien-aimée. Elle m’a suivi dans l’aventure M. & Mme Dièse, à moins que ce ne soit moi qui l’ai embarquée, il faudrait lui poser la question.

Delphine a une longueur d’avance sur moi. Elle a déjà amorcé la phase de rebond, elle prend de la hauteur à tous les sens du terme, elle n’imagine pas à quel point la compétition sera rude si elle me contraint à reprendre la tête de la course au « mieux-être ». Une course de fond, sans le moindre doute, et pour laquelle j’ai frôlé le faux départ un jour, la disqualification un autre. C’est d’ailleurs en reprenant mon souffle que j’ai perçu le métronome d’une nouvelle respiration. Je ne vais pas tomber pour autant dans l’auto-analyse de comptoir en prétendant que, ça y est, je suis devenu un grand garçon. Ce constat serait aussi approximatif que ce 31 décembre 2019 où nous nous sommes tous souhaités une bonne année. Mais quand même. Dans la mesure où je suis capable d’être la personne que j’aime le plus au monde, je suis plutôt bien placé pour sentir, et même ressentir, que quelque chose n’est plus là. Ou bien que quelque chose est là, justement. Ce genre de subtilité perdure, le « quelque chose » aussi. Je ne me laisse pas aller mais pourtant je prends le temps, je m’impose de ne rien précipiter mais je suis en ébullition, personne ne décidera pour moi mais cela ne m’émpêche pas d’écouter. A vrai dire, je crois n’avoir jamais eu de problème avec l’écoute. Est-ce que le prétendre ne révèlerait pas l’inverse ? Voilà le type de doutes qui fait son chemin, qui s’avère être une introspection des plus constructives dans la catégorie des indispensables.

Delphine et moi, nous suivons le même chemin. Le même et chacun le nôtre à la fois. Cette étrange fusion donne naissance petit à petit à une autre effervescence dans laquelle chacun se nourrit de l’énergie de l’autre. Et oui, Delphine a une longueur d’avance sur moi. Ce n’est pas tant que le rapport de force s’inverse, de force mentale et non physique bien entendu car Delphine sait pertinemment que je la prends quand elle veut au bras de fer ou sur cent mètres, départ lancé ou arrêté. Dans les faits tout s’équilibre, tout en prend le chemin. Delphine a décidé qu’il était temps d’être Delphine et je défie qui que ce soit d’en faire autant. Entendons-nous bien je ne défie personne d’être Delphine, ne jouez pas au plus malin. Je n’ai pas les convictions en berne et je ne dis pas que je ne suis pas Yohan. Je dis en revanche que l’on peut être plusieurs soi avant de trouver le bon. Les premiers « moi » ne sont pas des brouillons, le terme est trop agressif et renvoie à l’idée de ratures, d’erreurs ou pire, de fautes. Ils sont simplement les premiers et parfois les premiers ne sont pas les grands gagnants. Ils sont tout de même inscrits au palmarès, soit parce qu’on les a vaincus, soit parce qu’ils nous ont appris. Ce soir, je m’intéresse à ce qu’ils m’ont appris.

Delphine a décidé d’ouvrir sa librairie. Ceux qui la connaissent comprennent alors en quoi Delphine a décidé d’être Delphine. Elle sait qu’elle peut compter sur moi tout comme elle sait que l’on reparle quand elle veut de cette histoire de bras de fer.

NB : après moi, la deuxième personne que je préfère, c’est Delphine. C’est avec amour et plaisir que je vous fais découvrir comment vous pouvez contribuer à ce que Delphine devienne… Delphine ! C’est par ici : https://fr.ulule.com/ma-libraire-bien-aimee/

Au suivant

C’est comme un vertige. Pourtant sous mes pieds, je n’ai pas laissé la place au vide, je me suis même efforcé de remplir et remplir encore. Depuis l’an de grâce 2014, mes aventures folles avec « Pôle » (pour les connaisseurs) ont rendu ma vie professionnelle palpitante, au sens presque médical du terme. Un coeur qui s’emballe, qui aime, qui choisit, qui n’aime plus, qui tranche, qui dit oui, qui dit non, en somme, qui bat. Je me plais à croire que c’est moi qui lui donne la mesure, je comprends aujourd’hui que depuis tout ce temps ce n’est pas tout à fait le cas.

Il y a un an, Delphine et moi devions fermer le rideau de M. & Mme Dièse, l’établissement que nous ouvrions trois cent cinquante jours plus tôt, quatre ans après la création de ma pâtisserie, #Gourmandièse. Fermeture administrative, covid-19, confinement et une place dans les livres d’Histoire. Ma philosophie habituelle me donnait à voir une situation sanitaire effrayante et me proposait de considérer que, professionnellement, il ne s’agissait que d’argent. Analyse expéditive, inconsciente, utopique, sage, il y aurait autant de qualificatifs que de lecteurs.

Et nous voilà aujourd’hui, 15 mars 2021. A mes yeux, tout ce qui vient d’être vécu ne l’a pas été en vain, pas plus que par hasard. J’ai cette tendance à placer l’expérience au-dessus du résultat tout en me réjouissant d’atteindre mes objectifs. Cela me permet de vivre les choses pleinement, du début à la fin, si tant est qu’il y ait une fin lorsqu’on opte pour cette approche. Depuis plusieurs jours, peut-être quelques semaines, quelque chose a changé. Quelque chose a commencé à changer. Je manque de précision à cet instant et c’est un état qui me déplait car il sous-entend que je perds le contrôle. Quel contrôle exactement ? Voilà une question qui fait entièrement partie du problème. Quel problème exactement ? Et ainsi de suite… Adepte du plan B et du coup d’avance – on comprend mieux alors l’idée du « contrôle » – la fermeture administrative de notre établissement précipite le quotidien dans un sens puis dans l’autre. Et inversement. Il est impossible de décrire ce qui se joue en moi durant cette période centrifugée, je n’ai pas eu les mots pendant, je ne les ai encore pas maintenant. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer les yeux. J’arpente un chemin professionnel que j’ai choisi et dont le sujet me passionne. La pâtisserie, le goût en général, la recherche de la qualité, du « bon manger », l’alimentation, les artisans, le partage, la transmission. Voilà pour moi de vrais sujets politiques au sens noble du terme. D’ailleurs, cette forme de politique, locale, de conviction, engagée, de terrain, est entrée dans ma vie en 2020 par le biais d’un rôle de conseiller municipal. Ce n’est pas un détail. Cette nouvelle expérience, je le ressens sincèrement, fait appel à ce qu’il y a de meilleur en moi. L’action, le fameux monde meilleur, les gens, les relations, les combats, les idées et puis, n’en déplaisent à l’eau tiède, les résultats ! Alors oui, quelque chose a commencé à changer. Pas grâce à cet engagement qui ressemble plus à un nouveau moyen d’expression mais peut-être bien grâce à quelques drôles de dames capables à leur manière de graisser les rouages. Comme vous n’êtes pas prêts à en savoir plus sur « leur manière », je me contenterai d’un affectueux clin d’oeil à Sophie, Amandine et Christine. J’embrasse au passage Delphine par simple plaisir. J’ai pris conscience et la phrase pourrait s’arrêter là. Plus précisément, je prends conscience, la subtilité de la conjugaison est capitale. Est-ce que ce que je fais me permet d’aller là où je souhaite aller ? Est-ce que la façon dont je le fais me le permet davantage ? Je vous prie d’accepter mes excuses si soudain vous appliquez cette réflexion à vous-mêmes. Je suis capable de beaucoup de choses, je sais pour lesquelles je suis doué et compétent tout comme je connais mes lacunes, mes défauts et… mon incompétence ! Savoir qui on est fait parfois de nous quelqu’un de prétentieux, je n’ai jamais compris par quelle logique, sans doute parce que cela révèle une certaine assurance. Cependant savoir qui on est ne signifie pas savoir où on est. L’expérience avant le résultat.

Ce quelque chose commençant à changer me fait dire que nous ne rouvrirons pas notre établissement. Cela ne m’empêchera pas d’ouvrir d’autres portes.